Maintenant ça suffit !
Écrit en 2010 par Stéphane Hessel, l'un des plus grands hommes du 20ème siècle, l'essai "Indignez-vous !" nous donne une foule de raisons de réclamer l'éRIC qui est le moyen d'action pacifique le plus efficace.
éRIC,partout et à tout moment
"Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers,
des expulsions, des soupçons à l'égard des immigrés, pas cette société où l'on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas cette société où les
médias sont entre les mains des nantis."
"C'est tout le socle des conquêtes sociales qui est aujourd'hui remis en cause."
"On ose nous dire que l'État ne peut plus assurer les coûts de ces mesures
citoyennes. Mais comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et
prolonger ces conquêtes alors que la production de richesses a considérablement
augmenté depuis la libération, période où l'Europe était ruinée ? Sinon parce que le
pouvoir de l'argent n'a jamais été aussi grand,
insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de
l'État. Les banques désormais privatisées se montrent d'abord soucieuses de leurs
dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l'intérêt général.
L'écart entre les plus pauvres et les plus riches n'a jamais été aussi important ; et la
course à l'argent, la compétition, autant encouragée."
"Il est grand temps que le souci d'éthique, de justice, d'équilibre durable prévale. Car les risques
les plus graves nous menacent. Ils peuvent mettre un terme à l'aventure humaine sur
une planète rendue inhabitable pour l'homme."
"La pire des attitudes est l'indifférence, dire « je n'y peux rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l'une des
composantes essentielles qui font l'humain. Une des composantes indispensables : la
faculté d'indignation et l'engagement qui en est la conséquence.
Aux jeunes, je dis : regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation. Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent
à donner cours à une action citoyenne forte."
C'est au Conseil national de la Résistance que la France doit, à partir de 1945 :
- « Un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail» ;
- « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. » ;
- « la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction la plus développée » ;
- « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurance et
des grandes banques » ;
- « l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction
de l'économie » ;
- « une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle
instaurée à l'image des États fascistes » ;
- « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'État, des puissances d'argent et des influences
étrangères. ».
En lisant cela et en observant ce qu'il se passe, qui oserait prétendre que tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance n'est pas aujourd'hui remis en cause ?
On ose nous dire que l'État ne peut plus assurer les coûts de ces mesures
citoyennes. Mais comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et
prolonger ces conquêtes alors que la production de richesses a considérablement
augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? Sinon parce que le
pouvoir de l'argent, tellement combattu par la Résistance, n'a jamais été aussi grand,
insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de
l'État. Les banques désormais privatisées se montrent d'abord soucieuses de leurs
dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l'intérêt général.
L'écart entre les plus pauvres et les plus riches n'a jamais été aussi important ; et la
course à l'argent, la compétition, autant encouragée.
La pensée productiviste, la fuite à l'économie financière est très
coupable : elle engendre les traders, les conflits, la compétitivité, la violence, l'accroissement de richesses insupportables pour ceux qui n'en ont pas.
C'est l'aboutissement d'une façon de
se comporter où l'Occident a joué un rôle sinistre et entraîné le monde dans une
rupture radicale avec cette fuite en avant du "toujours plus" dans le domaine
financier.
La pire des attitudes est l'indifférence, dire « je n'y peux rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l'une des
composantes essentielles qui font l'humain. Une des composantes indispensables: la
faculté d'indignation et l'engagement qui en est la conséquence.
Un engagement dans une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse
qui ne proposent comme horizon pour la jeunesse que la consommation de masse,
le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à
outrance de tous contre tous.
Il est grand
temps que le souci d'éthique, de justice, d'équilibre durable prévale. Car les risques
les plus graves nous menacent. Ils peuvent mettre un terme à l'aventure humaine sur
une planète rendue inhabitable pour l'homme.
Maintenant ça suffit !
Stéphane Frédéric Hessel, né le 20 octobre 1917 à Berlin et mort le 27 février 2013 à Paris, est un diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique français
d'origine allemande.
Né allemand, Stéphane Hessel arrive en France à l’âge de 8 ans. Naturalisé français en 1937, normalien, il rejoint les Forces françaises libres, en 1941, à Londres. Résistant,
il est arrêté et déporté à Buchenwald, qu’il parvient à quitter vivant grâce à une substitution d’identité avec un prisonnier mort du typhus, puis s’évade lors de son transfert
du camp de Dora à celui de Bergen-Belsen.
Il entre au Quai d’Orsay en 1945, et fait une partie de sa carrière diplomatique auprès des Nations unies. Homme de gauche et européen convaincu, il était ami de Pierre
Mendès France et de Michel Rocard.
Stéphane Hessel est connu du grand public pour ses prises de position concernant les droits de l’homme, la question des « sans-papiers » et le conflit israélo-palestinien,
ainsi que pour son manifeste Indignez-vous ! paru en 2010, au succès international.